De nous à vous

42 billets

9837 abonnés

Billet

blog-post-featured-image

Le commissaire a des ennuis, la figure du "flic brisé" dans la littérature policière

« Il fallait qu’il boive un verre. Harry ne savait pas d’où lui venait cette pensée, mais elle était présente, comme si quelqu’un l’avait criée tout haut, la lui avait épelée à l’oreille. Cette pensée devait être mise en sourdine, et vite. » — Jo Nesbø, La Soif

Dans le polar, les criminels sont des personnages violents, retors, voire même habités de sombres desseins depuis l’enfance. Et toujours ils ont une faille qui causera leur perte. Mais avez-vous remarqué que sous la plume de nombreux romanciers, le détective lui-même se trouve affublé d’un nombre parfois considérable de troubles et problèmes personnels, au même titre que ceux qu’il traque ?

Le cas Sherlock Holmes

Immédiatement on pense au célèbre locataire du 221 B Baker Street et à son addiction à la cocaïne. Qui n’a pas ce souvenir de ses lectures d’enfance ? Ce moment où l’on réalise que le plus formidable des détectives en activité a un point faible, et pas des moindres. Un défaut qui dans les romans de Conan Doyle peut-être perçu comme un moyen de l’humaniser, de rappeler à cet homme à l’intellect si supérieur qu’il est aussi une enveloppe de chair et qu’il n’est pas omnipotent.

En ajoutant cette ombre au personnage de  Sherlock Holmes, Conan Doyle crée un point d’accroche pour le lecteur, qui devant les capacités de déduction hors du commun du détective et son attitude parfois assez suffisante, pourrait rapidement être excédé par celui-ci. Cela vient en outre donner une ampleur nouvelle à sa relation avec Watson, lui-même affublé d’une blessure de guerre. Plus qu’un collaborateur et un colocataire, Watson se révèle dans les moments de rechute de Sherlock un soutien indéfectible. Il est celui qui prend soin et s’inquiète de lui.

L’un des interprètes du fameux détective,Jeremy Brett, déclarera à ce sujet lors d’un entretien : « Pour moi, les histoires de Sherlock Holmes sont à propos d’une grande amitié. Sans Watson, Holmes aurait bien pu finir consumé par la cocaïne ».

Penchons-nous maintenant sur les contemporains de Holmes que sont les personnages d’Agatha Christie. Hercule Poirot ne semble pas affublé de réel problèmes physiques, psychologiques ou personnels avant Poirot quitte la scène, dernier volume de la saga dans lequel il enquête et où l’on découvre qu’il est devenu cardiaque et souffre d’arthrite sur ses vieux jours. De la même manière, Miss Marple semble exempte de souci quelconque.

Chez Agatha Christie, les capacités de déduction et l’intellect des détectives sont souvent méjugés par les autres protagonistes en raison de leur apparence physique. La bonhomie et la moustache soignée de Poirot sont souvent moquées, tout comme l’âge avancé de Miss Marple. Profondément humains avec leurs marottes et leurs petites habitudes, les investigateurs d’Agatha Christie n’ont pas besoin d’autre chose pour que le lecteur s’y attache.

Mais alors, comment expliquer qu’en dehors des whodunnit bon nombre de polars mettent en scène des détectives cabossés ou brisés par la vie ?




Pour aller plus loin…

Sur l'analyse du polar : 


Source : Le commissaire a des ennuis - L'influx (linflux.com) 

Écrit par Bilinda KEMOUCHE

Description du blog

Les humeurs et les coups de cœur de vos bibliothécaires